lundi 28 juillet 2008

Les Entretiens de Nuremberg

Il existe sur la Deuxième Guerre mondiale et le nazisme des ouvrages qui se comptent en trillions et qui traitent, épluchent, analysent chaque seconde de la vie du dresseur du chien d'Hitler et tous les autres aspects imaginables du conflit afin d'apercevoir en filigrane la face du totalitarisme nazi, qui est un côté de l'Homme qui, rappelons-le, existera toujours. C'est un sujet passionnant une fois saisies les implications réelles de cette période en termes de capacités de l'âme humain à la grandeur et à la bassesse, étant l'exemple le plus grandiose, je corrige, grandiloquent de décadence et de valeurs à la polarité inversée des plus étranges et inimaginables.

Le livre dont je vais vous parler ici est particulier et donne un accès étonnant et profondément humain sur le sujet. Il s'agit d'un livre d'ailleurs bien écrit et peut facilement être compris complètement par une personne à qui le mot ''Reichmarshall'' évoque un oiseau et qui ignore ce qui se décida à Yalta mais qui connaît Auschwitz et qui sait qu'un génocide eut vaguement lieu en 1845.

Les entretiens de Nuremberg sont une série d'entrevues effectuées avec les 21 accusés des procès de Nuremberg (qui suivirent la guerre) par le psychiatre chargé de veiller à leur santé mentale. Le modus operandi est simple. Le psychiatre arrive, note l'humeur et la santé, puis demande aux accusés de parler ''sujet libre'' et il les questionne en plus de plus en plus profondément dans ce qu'ils dévoilent.

La plupart parlent beaucoup de leur défense au procès, et donc tentent par des constructions intellectuelles parfois stupéfiantes d'expliquer pourquoi ils avaient porté le nazisme, ou de nier leur responsabilités, chacun à leur façon. Ils expliquent pourquoi ils ont suivi Hitler, comment ils ont sauvé le monde du communisme et comment la responsabilité du génocide doit être partagée avec les Alliés (cet argument complètement hallucinant est défendu avec une intelligence impressionnante par Fritzche, qui dit vouloir éviter par la que Hitler soit érigé en légende).
D'autres fois, ils parlent de leur femme, de leur vie, ils s'apitoient, ils sont comme des lionceaux en cage dont la mère s'est barrée, mais ce livre est complètement fou de l'état d'âme du nazisme et de tout ce qui en reste aujourd'hui.

Les accusés, sauf un, sont tous des gens dont les tests d'intelligence passés à Nuremberg sont hautement supérieurs à la moyenne. Leurs personnalités sont aussi d'une fascination sans limite, passant du classique ''c'est les autres et pauvre moi qui me fait juger bou hou hou'' à un accusé devenu automate qui a toujours en chaque circonstance la réaction appropriée caricaturale et qui parle uniquement sur ton de discours sans manifester la présence d'une âme, et aussi Goering, qui lui, est proprement terrifiant, arrogant, fier, qui défie par son suicide même le monde entier en refusant sa faible condamnation en prenant sa vie.

À tous ceux que le sujet intéresse en son côté humain, psychologique ET philosophique, ce livre, je crois, vous passionnera profondément, et de surcroît il ne nécessite pas vraiment de connaissances approfondie des faits de la guerre ou de langage spécialisé, n'est pas aride et se lit très facilement, chaque chapitre relatant les conversations avec un accusé particulier.

Leon Goldensohn, ''Les Entretiens de Nuremberg''

1 commentaire:

Arthur a dit...

Content de voir que t'es de retour dans la melee. Mais je ne sais pas trop si j'ai envi de lire ce livre, surement passionnant mais tout aussi certainement troublant...