mercredi 3 décembre 2008

Gab se paie Martineau!

Mr. Martineau,
Votre chronique de ce matin dans le journal de Montréal démontre de deux choses l'une: soit vous avez analysé la situation à l'extrême premier degré et n'avez vous pas tiré des conclusions évidentes, ou soit vous faites tout simplement preuve d'une mauvaise foi probablement liée à la performance pathétique qui est la norme de la politique canadienne.
Les gens, Mr.Martineau, on élu un gouvernement conservateur minoritaire aux dernières élections. Je ne prétend pas vous apprendre ce qu'est un gouvernement minoritaire, je sais pertinemment que vous savez ce que ce mot recouvre. La différence de mandat de ce type de gouvernement, principale et évidente, est qu'il peut être renversé et le pays dirigé par une coalition de partis de l'opposition si il perd la tête, ce qui ne constitue aucunement un coup d'État, mais bien une disposition constitutionnelle de notre système qui permet à la population de tenir la bride serrée. Système archaique qui date de 100 ans avant la révolution française, mal adapté et absurde mais parler de coup d'état n'est pas sérieux, c'est même ridicule et ça gonfle d'importance une situation politique peu fréquente mais tout à fait légale. Un putsch, Mr.Martineau, a un objectif. En voyez-vous un, à Ottawa?
De surcroît, vous affirmez que les Canadiens ont élu les conservateurs, et fuck le reste. Il vous manquait un bout de phrase, les canadiens ne faisaient pas exactement (avec raison) confiance à personne et ont élu un gouvernement conservateur minoritaire pour qu'il puisse être renversé en cas de crampe au cerveau ou de crises de retour au Moyen-Âge. Les actions récentes de Stephen Harper me confirment sa paralysie cervicale, et les partis de l'opposition remplissent exactement le mandat donné par la population aux dernières élections, même si vous ne considérez pas que vous avez voté pour ça. La masse électorale a voté pour ça, et d'autres que vous ont voté. Bienvenue en démocratie représentative.
Maintenant, notre système dépassé mets le sort du pays dans les mains d'une personne qui va parler au nom de notre Reine (joignez les mains et priez) et cette personne serait profondément stupide, Bush fois 100 au moins, de renvoyer le pays aux élections pour un résultat similaire (ajoutez en bonus le suicide de Dion). Le gouvernement sera assuré par une coalition, et j'emmerde tout le reste, mais contrairement à vos affirmations démagogiques qui me semblent émotives et bien peu réfléchies, l'ensemble du corps électoral est représenté, même ceux qui hurlent au pinochet séparatiste.
Il serait temps de changer de mode de scrutin, vous ne trouvez pas, vous? Et personnellement, je trouve que parfois vous dites absolument n'importe quoi, alors que parfois vous allez au fond des choses mais ces déclarations ce matins étaient vraiment sans aucune profondeur. Beaucoup de gens vous lisent, vous savez?
Bonne journée
Gabriel Simard, Décrocheur universitaire de 27 ans qui se retrouve dans la nation mondiale de la musique électronique beaucoup plus que dans sa société. C'est vraiment triste.


Lol ou est le dancefloor avant que je m'en prenne aussi à Mario Dumont?

1 commentaire:

Arthur a dit...

Salut Gab,
Content de te voir de retour mais j'avoue ne pas être trop satisfait de ton constat de la situation. En passant, je ne parle pas de l'article de Martineau (que je n'ai pas lu et que je n'aime pas trop) mais plutôt de ton analyse de la situation à Ottawa. Ta principale erreur est de faire l'adéquation douteuse entre décision "légale" et décision "démocratique". Ce que fait l'opposition en ce moment est on ne peut plus légal mais n'est pas très démocratique, ni respectueux envers les électeurs qui ont voté il y a à peu près 7 semaines. Je précise que je ne mets pas Harper dans une classe différente, ses actions étant tout autant légales que peu démocratiques.

Ce que je veux dire, c’est que l’opposition a évidemment le droit d’essayer de renverser le gouvernement à tout moment. Cependant faire cela n’est pas toujours légitime, sensé ou même démocratique. Dans le cas présent, la tentative de prise du gouvernement (que l’on pourrait comparer à un coup d’état ou un putsch « tranquille ») n’est ni très légitime, pas très démocratique et plutôt insensé. En gros, ils ne sont pas en train de faire ce pour quoi la population les a élus!

Je m’explique : je sais bien que l’énoncé économique de Harper a acculé l’opposition au mur, il était donc tout à fait légitime pour elle de prendre des mesures, aussi poussées soient-elles. Cependant, l’opposition, étant donné la situation économique particulière du pays et de l’élection qui vient d’avoir lieu, se devait aussi de s’assurer qu’aucun compromis n’était possible, avant de couper complètement les ponts. Cette recherche de compromis ne fut jamais faite et c’est là que se retrouve le problème principal. Pour se légitimer, l’opposition (qui vient tout juste d’être déterminée par les Canadiens comme étant une opposition (et non un gouvernement)), se devait de proposer une alternative et de sommer le premier ministre d’en prendre compte. Si le premier ministre les avait alors ignorés, l’opposition aurait alors eu la meilleure justification imaginable pour renverser le gouvernement. Ça n’est malheureusement jamais arrivé et l’opposition semble plus intéressée à se diviser le pouvoir qu’à trouver des pistes de solutions ou encore des compromis.

Tout cela est particulièrement odieux, surtout que le gouvernement Conservateur a été renforcé par la dernière élection. C’est un résultat significatif qui ne peut être rayé si rapidement, sans auparavant prouver que tous les efforts ont été faits. Ceci a une grande importance puisque dans un système comme le nôtre, un gouvernement minoritaire pourrait être renversé dès la première semaine de son règne, ce qui reviendrait à un chaos total. Tu peux dire que c’est notre système de scrutin qu’il faudrait changer, peut-être mais en même temps il fonctionne bien depuis 140 ans. Le problème est-il vraiment le système ou plutôt une bande de politiciens qui mériteraient de se faire botter les fesses (autant à droite qu’à gauche).

Finalement, le problème de légitimité est aussi important étant donné la situation de la coalition : la direction reviendrait au parti Libéral mais quelle légitimité a ce parti afin de diriger le pays? Les libéraux viennent de ressortir de la pire défaite de leur histoire, ils ont perdu 25 ou 26 sièges depuis la dernière élection et leur chef n’est même plus reconnu au sein de son propre parti. Le parti est en fait divisé entre deux clans qui ne peuvent s’entendre et qui décident donc de laisser le pantin prendre les décisions, espérant évidemment tirer la couverte de leur bord au fur et à mesure des prochains mois. Tout cela, sans compter le casse-tête que sera pour les partis de s’entendre entre eux. Le leader de la coalition sera donc doublement castré! Est-ce que c’est de ça que le Canada a besoin afin de faire face à la crise économique?

Cette crise financière et économique est extrêmement grave, la pire du pays depuis longtemps et si le gouvernement Harper n’a pas été à la hauteur, l’opposition semble vraiment avoir rabaissé la barre en créant encore plus d’incertitude. Je ne sais pas si tu as remarqué mais la bourse de Toronto a eut une semaine terrible et le dollar canadien est en chute libre. La crise politique actuelle n’aide pas les milieux financiers et ceux-ci n’ont pas confiance en cette coalition.

La solution est donc claire : Harper doit continuer de reculer sur plusieurs positions mais aussi tendre la main à l’opposition. Il a déjà pris certaines décisions allant dans cette direction mais c’est encore trop peu. De l’autre côté, l’opposition se doit de se réveiller, proposer leurs amendements pour le budget de janvier et ainsi amener le Canada dans la bonne direction, pas dans un abysse juridique, légal, constitutionnel, économique, financier, etc.

Voilà, en gros, ce que j’en pense. Ça n’est pas un jeu, ça n’est pas drôle et j’père bien que ça n’est pas une fatalité! Par contre, je t’encourage bien à te payer Martineau quand tu le veux…