vendredi 19 octobre 2007

Best of both worlds

Bon, je fais encore ce satané shift de nuit au Presse Café. You know, j'ai aussi des clients sensas très enrichissants qui me manquaient un peu dans ma vie sociale, comme ce vieux routard des années '70 avec qui je fume un ''perfect, smooth hasch'' a 4h sur le bord du restaurant et qui a toujours une anecdote géniale a me raconter.

Ben, un ex-homme de main pour les motards de 65 ans qui rôde dans le secteur et qui a une toute autre gamme d'anecdotes thrillantes a partager (I told him to stop and he laughed so...I broke his fucking nose on the spot what was I supposed to do? ''rires gras'').

Et toujours ces merveilleuses aventures avec ces gens impossibles qui apparaissent vers 1h30 du matin. J'ai d'ailleurs une théorie: ce sont des extraterrestres pas tout a fait bien déguisés en humains, je vole une réplique a un sympathique individu nommé Toto: ''Écoute, c'est pas au point ton truc, on voit tes tentacules qui dépassent!''. J'en aurai de quoi captiver toute la famille durant tout le party de Noel, gloire a moi.

Mais donc, je me suis renégocié mes conditions de travail, alors il ne fait plus aussi mal d'effectuer le travail multitâches de garçon de café, policier honoraire, intervenant en santé mentale et portier, 2 nuits par semaine. J'ai pris les plus sociologiquement riches, vendredi et samedi.

Donc, samedi dernier, je rentre avec la petite nouvelle, magda, de 19 ans, lavalloise-guatémaltèque émérite. Tout est tranquille, je suis un peu déçu, jusqu'a 3h30, et la ça explose.

Un jeune junkie entre, très connu de mes services d'alerte préliminaires, et se dirige au comptoir pour demander un verre d'eau a Magda alors que je fume une cigarette. Tout semble bien se dérouler jusqu'a ce qu'il soit suivi a l'intérieur par un type a l'air on ne peut plus ''banlieue''. Ce mec, appelons le ''Banlieue'', semble dans un état d'agitation boullonnate et accroche ''Junkie'' au comptoir et se met a lui parler a distance de baiser passionné.

Sentant le trouble venir, j'entre alors juste au moment ou ''Banlieue'' attrape ''Junkie'' par le collet et menace de finir sa misérable existence dans les secondes a venir si ''Junkie'' ne lui rend pas les 20$ qu'il vient de lui voler.

Je m'interpose alors dans la discussion, car ''Banlieue'' ne semble pas au courant des risques encourus a agresser brutalement ''Junkie''. ''Banlieue'' me prend a témoin, ainsi que ''Junkie'', afin que je juge l'affaire.

Alors que mon but ultime était de les envoyer se crêper le chignon ailleurs, je me retrouve dans le rôle de gardien de l'ordre et juge d'instruction ainsi que jury d'un procès opposant deux univers aux antipodes l'un de l'autre.

Tout d'abord, étant incapable de calmer ''banlieue'' qui ne cesse d'invectiver et de menacer ''Junkie'', qui reste dangereusement calme et porte toujours la main a son veston pour ensuite la retirer, je sépare les deux partis et Magda contacte les policiers (qui arriveront bien sûr au moins 20 minutes après la fin de l'affaire, nous sommes a Montréal ne l'oublions pas). ''Banlieue plaidera sa cause de l'extérieur du café, et ''Junkie'' sera relégué près des toilettes pour ainsi éviter de stimuler la colère juvénile de ''Banlieue'' par sa présence dans son champ visuel.

''Junkie'' m'affirme avoir vendu du weed a ''Banlieue'', et me dit ne pas s'expliquer la réaction de celui-ci. Je lui fait part de mes doutes sur cette version impliquant un soudain breakdown nerveux et des hallucinations de la part de ''Banlieue''.

''banlieue'' me montre un pot de persil remis par ''Junkie'' et affirme que ce dernier lui a vendu cette épice pour 20$ en lui disant de la fumer. Sur ce, il faut encore une fois que je le retienne d'entrer pour frapper ''Junkie''.

De retour a l'intérieur avec la pièce a conviction A (''pot de persil''), je confronte ''Junkie'' qui m'avoue avoir vendu le pot de persil mais affirme ne plus avoir le 20$. Je lui demande s'il voit un inconvénient a me montrer le contenu de ses poches. Je me suis dit que si je le trouvais, la situation se démêlerait a l'avantage de ''Banlieue'' mais que probablement ''Junkie'' l'avait bien caché. Alors je vérifie ses poches extérieures, intérieures, l'intérieur de ses bas et souliers ainsi que le contenu de son portefeuille et de ses deux sacs en entier, qu'il me laisse fouiller de bonne grâce (oui oui ça fait partie de mon travail au Presse Café). Je ne trouve rien (il l'a sûrement dans les boxers, mais je laisse aller quand même faut pas trop pousser).

Le point est que dans la poche intérieure de son veston, avec les seringues se trouve un cran d'arrêt, lame sortie, ce qui signifie que j'avais vu juste et qu'au début de l'altercation ''Junkie'' se préparait a se défendre radicalement si ''banlieue'' le frappait. J'ai quand même eu un frisson a cette idée d'attaque au couteau random, telle qu'on les lit non-stop dans les journaux.

N'ayant rien trouvé, je suis ressorti pour annoncer a ''banlieue'' qu'il s'était fait avoir et que comme la police allait arriver d'ici 48 heures il ferait mieux de se trouver un numéro de livraison et d'arrêter d'acheter de la drogue a n'importe qui près du square Berri. Parce que ''Junkie'' serait amplement en mesure de prouver que ''Banlieue'' l'avait menacé de mort et de violence alors que ''Banlieue'' ne serait en mesure de prouver strictement rien et même aurait l,air plutôt louche, car pourquoi donc aurait-il donné 20$ a ''Junkie''?

Sur ce, ils partent, je rentre, je félicite ''Junkie'' pour son hustling magistral de 20$, il part, et je retourne a mon frigo a muffins. la police arrive en moment donné vers 4h30, et j'ai pu leur faire remarquer en bon citoyen leur fucking lenteur et merde si il y avait eu des coups de couteau sacrement?

Mais quand même, rétrospectivement, je suis bien content d'être intervenu intelligemment, sans violence ni brusquerie. Peut-être que ça n'aurait jamais dégénéré, mais la, au moins, ça n'a pas dégénéré du tout. Ah la la, my life my life! Moi je considère qu'il faut intervenir dans la vie quand on voit les choses arriver, il faut s'impliquer quand même, c'est important, mais pas n'importe comment: j'ai commis quelques erreurs dans le domaine dans le passé, mais la, je suis bien fier de moi.

Bientôt, dans la section ''Anecdotes Montréalaises'', comment j'ai décidé de consacrer ma vie a l'écriture! Car oui j'ai maintenant un ''objectif''! héhé

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