mercredi 26 septembre 2007

Ben L'Africain

L'autre jour, ma mère a connu de grave problèmes de santé et ce fut un de ces moments ésotériques dans lesquels la personne se forme, s'ajoute ou se retire des caractéristiques, se prouve qu'il vaut la peine (ou pas) de s' appeler un homme, bref, un moment important. J'ai donc été paralysé pendant une dizaine de secondes au téléphone et j'ai embarqué ensuite dans une croisade pure et simple pour que les mauvais traitements adressés à ma mère cessent immédiatement.

J'ai donc appelé sur-le-champ au travail pour décommander mon shift histoire de régler au plus vite les affaires courantes, laisser le reste en suspens et me jeter à QC par le premier moyen venu, accroché en arrière d'un train pris en considération, mais écarté rapidement tout de même (trop cimématographique, je me rend juste aux trucks de lait du matin , inside inside, normal que vous compreniez pas. Ok ok j'aurais pas dû poster un inside icitte, mais je m'en sacre, lol passons donc à la suite). Or j'ai parlé à la fille du soir, pour lui annoncer de but en blanc que je rentrais pas parce que je me flexais à QC pis gros point à la ligne juste à dire à Yvan de m'appeler quand il allait arriver, de toute façon il était avec le nouveau so pas de fuck. On raccroche, pis çà zone quelque part au fond d' une poubelle mentale ou whatever, la job peut ben faire de la combustion spontanée, rien à battre.

So je me mets à faire des emails à mes profs pour expliquer mes absences et essayer de trouver des terrain d'entente, vu que je le sais pas quand je reviens... Arrive 4h du matin, je suis en pleine efferfescence, comme doit être tout croisé au moment du départ, et ma cousine et plusieurs potes et potesses reviennent du Diable Vert et m'annoncent qu'ils ont été au resse Café et que le nouveau est...tout seul. Je l'appelle et il confirme, mais il me dit ''çà va full bien''

urgh, because I know that it's impossible

Alors la job viens me regosser dans ma tête car il faut que je me tape toutes mes responsabilités straight up, alors je lui dit que je vais venir avant de foutre le camp à QC mais pas avant 5h30.

Vous vous demandez sûrement quand ce famaux Ben l'Africain entre en ligne de compte right? À moins que vous ne l'ayez carrément oublié dans mes explications détaillées...car tout ce qui précède n'est qu'une mise en scène pour un moment purement génial.

J'arrive à la job à 6h30 en même temps que la boss qui me demande why the fuck aucun des deux employés est rentré juste le nouveau. Je lui explique et je lui dis que je suis venu clearer la bouette avant de me flexer, et elle me dit commence par la moppe alors je la prend et je commence à la passer dans la section clients, et là je tombe en présence de Ben l'Africain...

ICC'est un noir de 60 ans habillé vraiment n'importe comment...quand je passe la moppe à côté il me lâche: ''Le chef du village awiwe ou qoua???'' et il rit tellement fort que j'éclate de rire aussi même si je n'ai strictement rien compris: Ben l'Africain est contagieux...

Il me dit alors: ''je viens du Congo moi, je suis Afwicain! Allez nettoie nettoie il faut que ce soit pwopwe pwopwe''. Je comprend alors sa référence au chef de village: il m'a gentiment intégré dans son trip congolais, ma face lui revenais faut croire...Je lui dit qu'il est sympatique, si il était pas si noir, il serait devenu écarlate de joie. Et il ne se peut PLUS de rire et c'est même pas played out c'est sincère, merde quel cadeau ce type!

...tout au long de ma moppe, il oscille entre deux humeurs: une joie démesurée et aussi sincère que celle d'un enfant et une compulsion gossante à se faires servir rapidement et parfaitement, qui vient (selon moi) du fait qu'il doit craindre le racisme comme la peste et assimile tout retard dans son service à du racisme en puissance. D'ailleurs il a décidé qu'il n'aimait pas ma patronne et le lui dit très candidement, ''toi tu me sews pas bien je veux pas toi, alors TOI (il pointe le gars des déjeuners qui n'a rien à voir avec çà), j'ai demandé un vewe d' eau moi!''
et il retourne s'asseoir et n'arrête plus de rire à tue-tête dans le restaurant, je repasse à côté et il est totalement émerveillé devant le clavier sur mon cellulaire, mais il ne comprend pas à quoi çà sert pantoute, même si je lui explique, alors je lui prête et il m'écrit son nom avec les lettres: Ben l'Africain. Je lui ai demandé si je pouvais parler de lui dans mon blog

''C'est quoi un blogwe?
-Sur Internet.
...visage hébété...
-Ne vous inquiétez pas, Ben l'Africain. Ce ne sera que des bonnes vibrations! Juste du bien comme vous!''

À ces mots il sourit très largement et me donne son accord avec enthousiasme, bien qu'il ne sache strictement pas à quoi.

Ah c'est vrai, vu qu'il venait du Congo-Kinsasha, je lui ai mentionné Mobutu. Sachez que c'était, ''un connard'' et qu'il faut pas parler de lui ni en bien ni en mal, sinon son esprit pourrait posséder un autre corps.

Vraiment génial. Imaginez si j'avais pensé à le photographier avec mon cellulaire il aurait crié au miracle, ah tant pis 'nyway j'en ai eu en masse du bon vibe avec ce type probablement perdu à MTL à cause de la guerre civile qui ne finira jamais au Congo on dirait...un ange carrément.

C'est drôle il énervait tout le monde sauf moi à peu près dans le café!

1 commentaire:

Nanie-Nana a dit...

C'est normal que tu l'aimes malgré tout. Toi aussi t'es un drôle d'oiseau, c'est pour ça!

So sweet anecdote (mais quelle mise en scène!)

Truck de lait? Rêve toujours :))

Ciao ciao!